Alors que les capacités européennes de stockage souterrain de gaz naturel se sont accrues de 16 % au cours des trois dernières années, les niveaux de stocks au début de l’hiver 2013-2014, par rapport à la capacité, sont les plus bas observés depuis 2010 : ils représentent 84 % seulement des capacités de stockage. Les fournisseurs de gaz ne sont pas incités à réserver des capacités de stockage, dont le coût est jugé trop élevé par rapport au différentiel, actuellement très faible, entre le prix du gaz en hiver et en été. Ils comptent également sur une offre de gaz suffisante grâce aux autres sources de flexibilité disponibles sur le marché : flexibilité de la production ou des importations, achats spot de GNL, achats sur le marché au comptant… voire recours aux capacités de stockage des pays voisins via les interconnexions du réseau européen. Or, l’hiver 2013-2014 commence dans un contexte d’approvisionnement gazier en Europe plus difficile : les importations de GNL, qui ont déjà fortement chuté en 2012, ont continué de se contracter, face à la compétition accrue des acheteurs asiatiques sur le marché international du GNL. Les importations de gaz en provenance de Norvège sont aussi en déclin, suite au plafonnement de la production du pays. Seule la Russie a fortement augmenté ses exportations vers l’Europe en 2013. Mais le différend entre l’Ukraine et la Russie sur le prix du gaz russe livré en Ukraine fait toujours peser une menace sur l’approvisionnement européen en gaz russe, dont près de 60 % transite par l’Ukraine. Dans ce contexte, le stockage est, comme l’ont démontré les crises gazières de 2006 et 2009 et les vagues de froid de février 2012 et mars-avril 2013, le moyen le plus efficace pour assurer la sécurité de l’approvisionnement gazier, à condition, bien sûr, que les stockages soient remplis au début de l’hiver.
The role of subterranean storage in supply security of European gas
While European capacity for storing natural gas underground has increased by 16% over the last three years, stock levels at the start of winter 2013-2014, relative to capacity, are at their lowest since 2010: they are situated at only 84% of storage capacity. Gas suppliers do not have an incentive to reserve storage capacity, as its cost is judged to be too high relative to the summer/winter price differential, which is currently very narrow.
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