Technologies et ressources pour répondre à la demande en 2050

En France en 2020, les bioénergies devront fournir plus de 20 Mtep d’énergie finale, mais aucun cap n’a été fixé pour la suite. De nombreuses incertitudes persistent : la disponibilité effective de biomasse renouvelable nationale, la hiérarchisation en termes de concurrence de ses usages et le gain environnemental des biocarburants issus de l’agriculture. D’autant plus que de nombreuses technologies prometteuses sont actuellement en cours de développement.
Pour explorer les futurs possibles, des scénarios de demande et de disponibilité des ressources agricoles et forestières sont envisagés. En 2050, dans le cas d’un scénario tendanciel de mobilisation des ressources, le secteur bioénergie français pourrait fournir 23 Mtep d’énergie finale et 30 Mtep avec un recours modéré aux importations.
La mise en place d’un plafond d’incorporation des biocarburants de première génération permettrait d’accélérer le déploiement des technologies avancées : pyrolyse rapide, gazéification et production d’huile par des micro-algues. Mais il en résulterait des tensions sur la biomasse ligno-cellulosique. Enfin, il existe des marges de manœuvre, étant données les ressources disponibles pour favoriser le développement de la biochaleur, de la bioélectricité ou des biocarburants. La réflexion stratégique doit donc continuer d’être menée sur l’ensemble des filières bioénergie afin d’offrir un cadre réglementaire adapté, clair et stable, indispensable à la prise de décision des acteurs économiques.

France’s bioenergy sector – Technologies and resources to meet demand in 2050

In France by 2020, bio-energies must supply at least 20 Mtoe of final energy, but beyond that year no target has been fixed. There remain many uncertainties: the effective availability of the nation’s renewable biomass, the pecking order in terms of competition for its various uses and the environmental gains to be reaped from agricultural biofuels. Compounding these elements are a host of promising technologies currently undergoing development.
In order to explore possible futures, scenarios for demand and the availability of agricultural and forestry resources have been developed. In 2050, taking a trend scenario for resource mobilisation, France’s bio-energy sector should be able to supply 23 Mtoe of final energy and 30 Mtoe with a moderate recourse to imports.
Implementation of a ceiling for the mix of first generation biofuels at filling stations would serve to accelerate the penetration of advanced technologies: rapid pyrolysis, gasification and production of oil with micro-seaweed. But this would result in a shortage of ligno-cellulosic biomass. Also, there are opportunities, given the availability of resources, to promote the development of bioheat, bioelectricity and biofuels. Further strategic reflection is therefore necessary, covering all the bioenergy sources, in order to install an appropriate, clearcut and stable regulatory framework, indispensable for decision taking by economic agents.

Paul Hugues est diplômé de l’ESPCI ParisTech et détenteur d’un master des Mines ParisTech spécialisé en optimisation des systèmes énergétiques. Il effectue sa thèse de doctorat au Centre de mathématiques appliquées de l’école des Mines ParisTech. Ses travaux portent sur l’analyse des technologies, des ressources et des marchés des biocarburants et de la chimie du végétal dans une réflexion prospective. Cette thèse fait l’objet d’un partenariat de recherche avec Sofiprotéol, le fonds industriel et commercial des filières oléagineuse et protéagineuse françaises.

Julien Rousseau est titulaire d’un diplôme d’ingénieur de l’UTC (1998) et d’un master spécialisé en optimisation des systèmes énergétiques de Mines ParisTech (2007). Il est actuellement responsable de l’élaboration, de la mise en oeuvre et de la gestion des nouveaux projets de développement des biocarburants avancés, de la chimie renouvelable et de projets de crédits carbone pour le groupe Sofiprotéol.

Edi Assoumou est chercheur au Centre de mathématiques appliquées de l’école des Mines ParisTech. Ses travaux portent sur la modélisation et l’analyse prospective des systèmes énergétiques et, en particulier, sur les interactions entre choix technologiques et objectifs de politique énergétique. Il est notamment impliqué dans différents projets portant sur l’étude des systèmes électriques, la mobilité électrique et les systèmes énergétiques urbains.

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