L’empreinte écologique, Aurélien Boutaud et Natacha Gondran, éd. La Découverte
Fidèle à la tradition de cette collection, ce petit livre propose une présentation précise de l’empreinte écologique, notion mise en place au début des années 1990 afin de tenter d’apporter une réponse au besoin de mesure synthétique de la « soutenabilité écologique » d’un pays. Le livre est écrit par des universitaires ; il débute par un rappel sur l’histoire de la notion de soutenabilité (terme que les auteurs préfèrent à celui de durabilité) jusqu’au rapport de la Commission Bruntland, parcourant ainsi les grandes étapes de la prise de conscience internationale des enjeux environnementaux. Les chapitres suivants entrent dans le cœur du sujet ; ils définissent de façon précise les concepts – comme la biosphère – et expliquent comment l’économie humaine ou éconosphère se comprend comme un sous-système de la biosphère. C’est cette relation entre biosphère et éconosphère qui permet de poser les conditions de la soutenabilité. On découvre dans cet ouvrage le nombre impressionnant de concepts dont la maîtrise est indispensable pour aboutir à la définition de l’empreinte écologique et à son calcul. Rien n’est oublié, comme l’importante question des données, ou évité, comme le difficile problème de l’agrégation d’un indicateur ou le traitement du commerce international. C’est à partir de la notion de biocapacité mondiale (les 12,1 milliards d’hectares dont 9,1 terrestres et 4 maritimes considérés comme bioproductifs) que les auteurs amènent à la notion d’empreinte écologique par le jeu de facteurs d’équivalence et de facteurs de rendement. La comparaison entre biocapacité et empreinte écologique est pertinente et permet de préciser l’ampleur du « dépassement écologique » quand il est avéré. C’est sur ces notions que repose le très médiatisé Earth Overshoot Day (ou jour du dépassement) qui est le jour de l’année où l’humanité est supposée avoir consommé l’ensemble des ressources que la planète est capable de régénérer en un an ; certains lecteurs pourront être surpris par la sophistication de ce concept et la rigueur indispensable pour l’utiliser correctement. La fin du livre présente des résultats quantitatifs qui mettent notamment en évidence les disparités importantes entre les régions du monde et explique comment d’autres empreintes peuvent être définies et utilisées, comme la très célèbre empreinte carbone.