La Revue de l’Énergie : La Banque mondiale a récemment réalisé des travaux sur la mesure de l’accès à l’énergie qui ont été publiés au début de l’année. Quelles en sont les conclusions et comment ce travail va-t-il permettre à la Banque mondiale de changer la donne et d’accélérer le mouvement vers l’accès à l’énergie ?

Makhtar Diop : L’accès universel est un enjeu très important, particulièrement en Afrique subsaharienne. On parle de 840 millions de personnes qui n’ont pas accès à l’énergie dans le monde, dont environ 570  millions en Afrique. Le défi est majeur car on sait qu’une des principales conditions pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD) est l’accès à l’électricité. On estime qu’il faudra investir environ 4,5 % du PIB pour atteindre ces objectifs. On en est encore loin aujourd’hui, avec environ 2 à 3 % selon les pays de la région, ce qui représente un écart important en termes d’investissement dans l’énergie. Ce sont les grandes conclusions en termes de chiffres, sachant que ceux-ci pourraient être affinés si les bases de données étaient toutes du même calibre et prenaient aussi en compte la qualité de l’accès à l’électricité.

Makhtar Diop est vice-président de la Banque mondiale pour les infrastructures depuis juillet 2018. Cette vice-présidence regroupe les pôles Énergie et Industries extractives, Transport, Développement numérique et Financement des infrastructures et partenariats public- privé (PPP). Dans le cadre de ce poste, Makhtar Diop supervise les actions de la Banque mondiale pour combler le déficit d’infrastructures dans les économies émergentes et en développement, tout en développant des solutions durables.

Entre 2002 et 2005, il était directeur des opérations de la Banque mondiale pour le Kenya, l’Érythrée et la Somalie, puis directeur du département Finances, secteur privé et infrastructure de la région Amérique latine et Caraïbes (2005-2007). Il a ensuite dirigé les opérations de la Banque mondiale pour le Brésil (2009- 2012) avant d’occuper le poste de vice-président de la Banque mondiale pour la région Afrique (2012-2018).

Makhtar Diop a démarré sa carrière dans le secteur bancaire avant de rejoindre le Fonds monétaire international (FMI), puis la Banque mondiale. En tant que ministre de l’Économie et des Finances du Sénégal, il a joué un rôle déterminant dans l’adoption de réformes structurelles qui ont contribué, à la fin des années 1980, à stimuler la croissance du pays à long terme.

Makhtar Diop a été désigné comme l’un des 100 Africains les plus influents du monde. Il est diplômé en économie des universités de Warwick et Nottingham en Angleterre.

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