Le climat après la fin du mois, Christian Gollier, éd. PUF
Pour qui connaît l’auteur, professeur d’économie et directeur d’un des plus prestigieux centres de recherche français d’économie, le titre est attractif : les économistes ont-ils compris la leçon de l’épisode des « Gilets jaunes » qui trouve son origine, rappelons-le, dans le refus de la taxe carbone, défendue par de nombreux économistes, et modifié leur message sur la lutte contre le changement climatique ? En traitant de nombreuses dimensions des politiques climatiques, ce livre fait le point sur l’approche des économistes, avec un certain nombre de digressions bienvenues, même si certaines sont parfois un peu longues, d’autres fois un peu moins pertinentes lorsque l’auteur s’aventure en dehors du domaine économique. Les raisonnements, parfois difficiles, sont exposés avec simplicité et efficacité : il faut saluer un excellent travail de vulgarisation qui n’est maîtrisé que par les meilleurs. La critique de ces raisonnements est présentée de la même manière et l’on pourrait penser parfois que les économistes ont compris la leçon. La position de l’auteur est rappelée tout au long du livre et présentée comme le consensus des économistes : la nécessité d’un prix unique et universel du carbone. Les limites et les difficultés de mise en oeuvre sont aussi parfaitement présentées. On se prend à espérer que soit actée une impossibilité, mais, à chaque fois, la conclusion est une nouvelle idée et on repart vers de nouveaux développements. Il y a parfois des passages qui illustrent l’un des problèmes majeurs de la mise en oeuvre des politiques climatiques : les élites connaissent de toute évidence bien mieux les enjeux climatiques que les fins de mois difficiles. Dans la conclusion, on lit encore une défense du prix du carbone, ce qui laisse sur un doute concernant l’appropriation par les économistes de la question de l’acceptabilité économique des politiques climatiques. Le dernier paragraphe, en développant l’idée de coalition climatique, que certains considéreront comme utopique, montre finalement que la solution ne peut être apportée par les seuls économistes. C’est peut-être l’un des messages les plus importants du livre.