L’économie désirable, Pierre Veltz, éd. Seuil
Dans ce petit livre paru au début de l’année, Pierre Veltz, qui se présente comme ingénieur et sociologue, partage sa compréhension de notre futur post-pandémique. C’est un livre bien écrit, appuyé sur des réflexions fortes et dont il semble qu’il faut lire le message optimiste dans le titre : il existe bien une « économie désirable », à l’opposé d’un monde d’après, parfois trop difficile à atteindre. Les raisonnements sont simples, appuyés sur le bon sens, et on se demande parfois pourquoi ces idées ne sont pas plus largement partagées ; elles sont par ailleurs clairement exprimées et illustrées par des exemples convaincants. Pierre Veltz n’hésite pas à s’écarter du politiquement correct quand cela est pertinent et les mots peuvent être durs à l’égard des concepts creux ou des idées « à la mode ». Son point de départ est l’importance de l’efficacité qui l’amène à parler de « sobriété(s) ». Son message principal est esquissé quand il appelle à une économie centrée sur les besoins essentiels des êtres humain : santé, éducation, alimentation, loisirs, sécurité, mobilité. Le « tournant local » est bien décrit comme une réponse à l’impuissance des États, mais il se termine par une mise en garde contre le « localisme » quand il est poussé à l’excès. Plusieurs voies sont explorées — la fiscalité, la finance, la technologie — et donnent l’occasion à l’auteur de réfléchir à la « politique de la couleur ». La conclusion est qu’aucun verdissement ne permettra seul de réaliser la bifurcation (mot préféré à la trop douce « transition ») à laquelle on aspire ni de réaffirmer le rôle de l’État.