La guerre déclenchée par la Russie le 24 février a eu pour effet un triplement du prix du gaz qui a entraîné un doublement du prix forward de l’électricité à 200 €/MWh dans les contrats à terme qui sont la référence pour les acheteurs en gros. Comme tout le monde s’attend à un épisode très long de prix extrêmes de l’électricité (en temps normal il se situe plutôt aux alentours de 60 €/MWh), beaucoup souhaitent en venir à un découplage effectif entre le prix de marché du gaz et le prix horaire de l’électricité. De par l’organisation du marché électrique qui est structurée en marchés à pas horaire en raison de la non-stockabilité de l’électricité, il n’y a pas de lien entre les prix horaires qui s’alignent sur les coûts d’exploitation de la dernière centrale appelée et le coût moyen de production par le mix électrique. En France, où ce coût se situe autour de 50 €/MWh avec un parc très majoritairement nucléaire, hydraulique et renouvelable, il est difficile d’admettre que les consommateurs soient exposés à la volatilité du prix du gaz. Le market design serait défectueux en permettant cette contamination du marché électrique par le marché gazier. Pour y parer, la France avait proposé en octobre 2021 avec l’Espagne de mettre un plafond de prix sur le marché horaire, qui serait calculé sur le coût moyen de production des mix de chacun, ce qui a été refusé par Bruxelles et une dizaine d’États membres, car ce serait la porte ouverte à la désorganisation des marchés et à la mise en question de leur intégration.