Le débat public sur la révision de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) s’est ouvert sans que soit envisagé de discuter l’objectif de ramener à 50 % la part du nucléaire dans la consommation française d’ici 2030-2035, et l’objectif de rehausser la part des renouvelables à 40 % dans le secteur électrique à ce même horizon. Mais pourquoi maintenir ces objectifs alors que la politique de croissance des renouvelables intermittentes (ENRi) et de régression du nucléaire entraînera une croissance des émissions du fait du besoin d’équipements fossiles flexibles en « back-up » de leur production variable ? Pourquoi procéder à un choix coûteux pour les consommateurs et le budget public, en occultant l’important coût d’opportunité de cette politique dans les longs débats préparant la loi de transition énergétique ? Alors que le récent rapport du Conseil économique, social et environnemental sur la politique de transition énergétique souligne les défauts de moyens consacrés aux domaines où les enjeux de réduction des émissions sont réels, à savoir la rénovation thermique du bâti, la promotion des ENR thermiques et la mobilité durable, n’est-il pas temps de revenir à une politique plus appropriée et d’utiliser les ressources qui devraient être consacrées à la transition électrique à ces autres domaines ?

Directeur de Recherche émérite au CNRS, Dominique Finon est depuis 2003 chercheur au CIRED (CNRS et ENPC) et depuis 2012 chercheur associé à la Chaire European Energy Markets de l’université Paris Dauphine, et conseiller spécial du Conseil Français de l’énergie. Il a été directeur de l’Institut d’économie et de Politique de l’énergie (CNRS et Grenoble II) de 1991 à 2002 et Président et Délégué scientifique de l’Association des économistes de l’énergie de 2004 à 2010. Ses sujets de recherche principaux portent sur la régulation des industries énergétiques libéralisées et l’efficacité de politiques publiques (sécurité de fourniture, politiques Carbone, ENR, nucléaire et efficacité énergétique).

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